Le thème du stage est centré sur les critères d’évaluation pour les passages de grades DAN
Après une courte présentation de la mâtinée, Pierre a présenté un certain nombre de notions inhérentes à l’exercice de la mise en situation de type passage de grades.
Il est important, à travers ce type de travail, de savoir ce que l’on recherche à démontrer et pourquoi on le présente, et de comprendre les enjeux qui y sont attachés.
Il est également essentiel, pour tous types de présentations d’ailleurs, de connaître les attentes du public ou des évaluateurs, afin de de se mettre dans la situation la plus proche de celle souhaitée.
Il faut comprendre que le jury va tenter, au travers du passage de grade, de cerner l’état de compréhension des différents principes régissant l’Aïkido, et que l’ensemble des techniques utilisées n’en est que le support visuel.
L’interrogation porte effectivement sur les techniques d’Aïkido, à partir desquelles le jury va tenter de dégager les étapes de construction (placement, déplacement, création et conduite de déséquilibre, projection ou amenée au sol).
Il tente également d’évaluer le centrage de tori, l’unité du corps, le contrôle du partenaire, l’investissement de uke, en cohérence avec les notions d’intégrité et de gestion physiologique du passage.
Les techniques support ont été :
- suwari waza, shomen uchi ikkyo
suwari waza, shomen uchi kote gaeshi - hanmi handachi waza, katate dori nikyo
- tachi waza, katate ryote dori kokyu nage
- tachi waza, katate ryote dori ude kime nage
- tachi waza, kata dori menuchi kokyu nage
- tachi waza, kata dori menuchi irimi nage
- jo nage waza, jyu waza
- jo dori, jyu waza
- taninzu gake sur mai ryo kata, shomen uchi, yokomen uchi
Après une introduction sur les aspects organisationnels (position des armes, salut, choix des candidats et des partenaires, types d’interrogations par grade), quatre passages de grade à blanc de niveau 1er et 2ème DAN ont été proposés, offrant aux candidats la possibilité d’une mise en situation devant un parterre de pratiquants très réceptifs.
Ce travail a permis de dégager un certain nombre de biais visuels, et de mettre en place des indicateurs clé tout au long du passage (position du corps à la réception de l’attaque, gestion globale du partenaire en terme d’intégrité, engagement des hanches…).
Un passage de grade à blanc de niveau 4ème DAN a clos la mâtinée, permettant de dégager des aspects plus subtils de la démarche tels que le repositionnement de tori entre deux attaques, le préparation et la gestion des jyu waza, le contrôle aux armes pour uke et tori, le rythme du travail…
Extrait du règlement particulier de l’Union des Fédération d’Aïkido pour la Commission Spécialisée des Grades DAN et Grades Équivalents
- Conditions d’accès au passage de grade « DAN »
- Justifier d’au moins trois années de pratique et donc trois timbres de licence pour le passage de SHODAN
+ 2 années (jour pour jour) + 2 timbres de licences pour le passage de NIDAN
+ 3 années (jour pour jour) + 2 timbres de licences pour le passage de SANDAN
+ 4 années (jour pour jour) + 2 timbres de licences pour le passage de YONDAN
- Justifier de trois stages ou sessions d’écoles régionales dans les douze mois précédent l’inscription organisés par les instances fédérales (nationales, régionales, ou départementales)
La participation doit être inscrite et visée sur le passeport sportif du candidat. Les stages privés ne sont pas comptabilisés.
Seuls certains stages sont reconnus pour les passages de grade « DAN » :
- les stages Fédéraux ;
- les stages de Ligue ;
- les stages de préparation « DAN ».
- Présenter un certificat médical
- Régler l’inscription au trésorier de la ligue pour les premier deuxième et troisième DAN, au compte du trésorier fédéral pour les grades quatrième DAN et au dessus, ainsi que les grades sous dossier et pour obtenir la reconnaissance des grades français ou étrangers déjà acquis.
Durée des épreuves
- SHODAN Premier DAN 12 minutes environ ;
- NIDAN Deuxième DAN 14 minutes environ ;
- SANDAN Troisième DAN 16 minutes environ ;
- YONDAN Quatrième DAN 18 minutes environ.
Évalutation du niveau SHODAN – Premier DAN
Le premier Dan ou la compréhension et la connaissance au plan général
- Définition du niveau
Le niveau Shodan (Premier dan) doit être, conformément à la tradition et à la signification des termes japonais, considéré comme le premier niveau, le « début » de la pratique.
Cela signifie que le candidat doit disposer des « outils constitutifs » de la pratique de l’aïkido, outils sans la connaissance et la compréhension desquels on ne peut prétendre faire de L’aikido.
Cette connaissance et cette compréhension devront ensuite évoluer vers la maîtrise des mêmes outils dans les grades ultérieurs.
- Indicateurs de niveau
Ces « outils constitutifs » peuvent se regrouper en trois types principaux d’indicateurs
- Connaissance formelle des techniques et de Reishiki.
Le jury doit pouvoir reconnaître les enveloppes globales et caractéristiques qui distinguent les techniques entre elles (ikkyo de nikyo , de sankyo, etc.)
- Construction des techniques (Riai)
Le jury doit pouvoir observer la construction des techniques au travers des « phases » suivantes :
- phase initiale de placement : (elle implique la compréhension de principes tels que Irimi, Tenkan et Ma-ai) ;
- phase dynamique de création et conduite du déséquilibre ;
- phase terminale où le déséquilibre se transforme en amenée au sol (projection, immobilisation).
Le respect de ces 3 phases ne devant pas nuire à la continuité (Nagare) dont l’exigence est modulée en fonction du grade demandé.
Ce schéma est certainement un peu académique ou rigide – la notion de contrôle devant en effet être partout présente et constituer le liant – mais néanmoins incontournable dans l’apprentissage.
Progressivement, ce deuxième indicateur, la construction des techniques, sera intégré dans le troisième indicateur, car une bonne compréhension des principes d’unité et de respect de l’intégrité doit aboutir à un schéma rigoureux de construction des techniques.
Cependant, au niveau du premier dan, ce deuxième indicateur semble être un appui nécessaire pour aider à développer le troisième.
Exemple de comportements observables (en négatif et en positif) :
- Sur katate dori – ikkyo : venir saisir directement la main sans s’être déplacé ou sans avoir marqué le contrôle d’une manière ou d’une autre ;
- par son équilibre, mettre l’attaquant en situation de déséquilibre ;
- coordination de l’attaque de Uke avec l’exécution de la technique dans son enchaînement (Tsukuri – kuzushi – gake ou immobilisation).
NOTA : La construction des techniques ne peut se faire qu’à partir d’un minimum de condition physique. Mais il ne faut pas la concevoir dans un sens étroit, exclusivement physique, voire musculaire (cf. la notion de taïku – ryoku) : l’endurance, la résistance (physique, émotionnelle), etc., sont aussi le résultat d’une préparation psychologique.
Une absence de préparation physique (au sens large) entraîne souvent la perte des équilibres techniques ou des bases de la discipline. Cette dimension est transversale à tout l’examen, et est évaluée en référence à l’âge et au sexe du candidat.
- Principe d’intégrité
La compréhension du principe général et fondamental selon lequel la technique d’aikido doit préserver et renforcer l’intégrité (au sens le plus large du terme) physique et mentale des deux protagonistes constitue le troisième indicateur.
Ce principe, au contenu très dense, comprend notamment tous les éléments suivants :
- nécessité d’unité du corps, de centrage, d’engagement du corps dans le sens de l’action ;
- nécessité d’une attitude juste (cf. la notion de shisei), d’une maîtrise et d’un emploi adéquat de son potentiel physique, d’un rythme adapté entre les mouvements et à l’intérieur du mouvement (cf. les notions de kokyu, et de kokyu – ryoku) ;
- nécessité de conserver son potentiel, sa disponibilité, sa mobilité, sa capacité de réaction et sa vigilance (cf. les notions de zanshin et de metsuke) tout au long de la situation ; nécessité de soutenir une attention et une concentration suffisante par rapport à uke.
Exemple de comportements observables (en positif et en négatif) :
pour tori
- les coudes ne doivent pas s’écarter du corps sur shiho-nage (sur kote-gaeshi, la main doit rester dans la ligne centrale du corps de tori) ;
- préserver son équilibre (ne pas être déséquilibré par les saisies de uke, ou par ses propres déplacements) ;
- préserver son intégrité (ne pas être touché par les frappes de uke) ; notion de réalité martiale ;
- préserver l’intégrité de uke (ne pas le blesser) ;
- attitude droite (ne pas être cassé ni tordu, le haut et le bas du corps travaillant sans lien) ;
- placement du bassin (sans cambrure excessive) et des articulations (épaules et genoux) permettant une disponibilité suffisante ;
pour uke
- avoir un comportement d’attaquant : s’engager dans l’attaque sans être suicidaire (pas de faux shomen) ;
- donner clairement à tori une situation et accepter qu’elle évolue sans anticiper négativement ;
- avoir une attitude créatrice, en posant une situation nécessitant réaction par l’attaque ou la saisie, et en obéissant ensuite à la « logique dynamique », en restant présent, actif, vigilant et adaptable tout au long de la technique ;
- chuter sans se blesser.
Toutes ces données physiques vont évoluer ultérieurement vers des données psychiques et mentales (tranquillité, sérénité, disponibilité, etc.) au cours de la progression du pratiquant.
Évaluation du niveau NIDAN – Deuxième DAN
Le deuxième Dan ou la compétence dans le maniement des outils
- Définition du niveau
Le niveau Nidan – Deuxième dan doit permettre de manifester une compétence
dans le maniement des « outils » définis pour le premier dan, et non plus simplement une compréhension et une connaissance au plan général.
Le jury est donc plus exigeant dans cette évaluation selon des orientations supplémentaires
- Connaissance formelle des techniques
La nomenclature d’aïkido doit être suffisamment connue pour que toute technique demandée par le jury puisse être exécutée sans hésitation.
- Construction des techniques
L’exigence complémentaire porte sur la fluidité dans la construction des techniques, sur la perfection du contrôle de la distance avec l’adversaire dans toutes les phases du mouvement, et sur la capacité d’anticipation.
- Principe d’intégrité
C’est surtout sur ce point que le jury se montrera plus exigeant, tous les principes énoncés pour le premier dan devant effectivement se manifester dans la prestation du candidat au deuxième dan, et ce avec un engagement physique plus important (restant, bien sûr, adapté à l’âge des candidats, et ne devant en aucune façon prendre le pas sur le caractère technique de la prestation).
La maîtrise du principe d’irimi, et de la relation irimi-tenkan, doit commencer à se manifester : parvenir à prendre le centre de l’autre, puis parvenu à être le centre.
Évaluation du niveau SANDAN – Troisième DAN
Le troisième Dan ou l’émergence d’une liberté dans la technique
Définition du niveau
Le niveau Sandan – troisième dan doit permettre de manifester une maîtrise complète des techniques, la capacité à les adapter à toutes les situations, et l’émergence d’une liberté dans leur application.
Les exigences supplémentaires portent donc sur le niveau de maîtrise des critères précédents, et notamment sur :
- un complet contrôle de soi et de ses actes ;
- la capacité à faire des variations à partir des bases, si nécessaires (adaptabilité) ;
- une disponibilité à tous moments de la prestation ;
- une grande maîtrise du principe d’irimi ;
- une juste appréciation de maai (contrôle de la distance, comme au deuxième dan, et interventions aux bons moments) ;
- la capacité d’imposer et de maintenir un bon rythme à l’intérieur du mouvement
(cf. la notion de kokyu).
Évaluation du niveau YONDAN – Quatrième DAN
Le quatrième Dan ou la maîtrise complète
Définition du niveau
Le niveau Yondan – quatrième dan doit permettre de manifester une maîtrise complète des techniques de base et de leurs variantes.
Les exigences supplémentaires portent donc sur le niveau de maîtrise des critères précédents, et notamment sur :
- la manière de dominer à tout moment la situation ;
- l’adéquation du travail au partenaire et à la situation (cf. la notion d’aïki) ;
- la sérénité du candidat ;
- la capacité du candidat à exprimer sa qualité de perception, son degré d’intégration et sa liberté de maniement des principes de la discipline.